Sans aucun doute, la mémorisation fait partie intégrante du processus de création d’un slam. Une fois le texte terminé, il faut l’apprendre par cœur. Cette tâche peut s’avérer lourde pour certains, au point où ils préféreront amener leurs feuilles avec eux sur scène pour une certaine sécurité, pour éviter les trous de mémoire. Cette option est effectivement envisageable dans les concours de slam. Cependant, si tu souhaites maximiser ton interprétation, je te conseille fortement de mémoriser ton poème. J’aimerais te donner quelques astuces pour cela.
1- DONNE-TOI LE TEMPS
Au fil des années, je pense avoir appris plus de 50 textes par cœur, et parfois, j’avais peu de temps pour le faire. J’ai donc eu à développer des stratégies afin de les apprendre rapidement. Sache tout de même que le temps est ton meilleur ami quand on parle de mémorisation. Si tu as 2 semaines pour apprendre ton texte par cœur, c’est évidemment mieux que 2 jours! Alors si tu as devant toi plusieurs jours, même plusieurs semaines pour apprendre ton slam avant de le présenter en public, optimise ce temps au maximum! Ne t’y prends pas à la dernière minute, surtout. Plus tu te seras préparé, plus tu te seras approprié ton texte et plus il fera spontanément partie de toi.
2- ÉCOUTE-TOI EN BOUCLE
Enregistre-toi au micro avec ton téléphone intelligent et écoute-toi en boucle. Bon, c’est vrai que ça peut être pénible si tu n’aimes pas trop t’écouter, mais je te rassure, ça fonctionne! Tu pourrais bien sûr aussi dire ton texte à haute voix à plusieurs reprises, mais parfois, l’environnement dans lequel tu t’exerces ne le permet pas. Par exemple, disons que les gens n’aimeraient peut-être pas que tu clames haut et fort un slam à répétition à 7 heures du matin dans l’autobus. Mettre tes écouteurs et écouter ton enregistrement, c’est moins dérangeant et plus réaliste dans ce contexte. 😉 N’empêche que c’est aussi productif que réciter tout haut! Nourris tes oreilles de ton slam le plus souvent possible, et tu verras que durant la nuit, pendant ton sommeil, ton cerveau fait un travail incroyable de mémorisation.
3- RETIRE PEU À PEU DES MOTS
Une autre technique que j’ai apprise au fil des années est de retirer le dernier mot de chaque vers (ou phrase) dans le texte et de lire celui-ci dans son entièreté, même si certains mots n’y sont plus. Et puis, comment t’en sors-tu?
Si tout va pour le mieux, essaie ensuite d’enlever les 3 derniers mots de chaque vers. Et si tu te débrouilles toujours très bien en te relisant, essaie cette fois de ne garder que le premier mot de chaque vers. Tu vois où je veux en venir avec cette technique? Ce casse-tête troué est un grand travail de mémorisation, certes, mais le fait d’y aller progressivement rend la tâche moins ardue. On rend le défi moins grand pour se donner la motivation de réussir. Ce n’est plus un gros bloc de texte que tu mémorises d’un seul coup, mais quelques mots pour commencer. Et c’est ce qui rend cette méthode très efficace, surtout pour ceux et celles qui se découragent rapidement quand leur poème leur paraît trop long.
Tu peux aussi procéder d’une autre façon et y aller par ligne. Numérote d’abord les vers de ton poème sur la marge de la feuille. Retire ensuite les lignes par bonds de 4 (4-8-12-16-20, etc.) et tente de le lire comme si toutes les lignes y étaient. Si tout va bien, retire toutes les lignes paires de ton texte (2-4-6-8-10, etc.) et essaie à nouveau.
Ce qui est intéressant dans ces 2 méthodes, c’est que les lignes ou les mots restants te servent de repères. De plus, tu y vas au fur et à mesure et à ton rythme pour bien connaître et assimiler ton texte.
4- AJOUTE DU RYTHME
J’ai compris aussi depuis longtemps que lorsqu’un texte est dit avec une voix un peu plus mélodieuse ou avec du rythme, comme une chanson, il devient alors plus facile à mémoriser. Cette information me provient probablement de ma mère qui me parlait de sa façon d’étudier en Haïti lorsqu’elle était jeune. Les longs textes qu’elle devait apprendre à l’école étaient récités avec une voix si chantante, c’en était surprenant! À l’époque, c’était ça leur truc! Et ça en est encore un très bon aujourd’hui.
Il va sans dire que ça t’est sûrement déjà arrivé d’apprendre le refrain d’une chanson par cœur sans même y mettre une once d’effort. C’est justement parce que la mélodie te reste en tête plus facilement que les mots. Mais puisque les mots et la mélodie ne font qu’un en chanson, alors on est portés à apprendre les paroles également. Sachant cela, il est certain que si tu ajoutes un rythme à ton slam, tu auras plus de facilité à le mémoriser. Essaie, ça devrait énormément t’aider!
5- VISE LE « PILOTE AUTOMATIQUE »
Si tu disposes d’assez de temps pour assimiler ton texte à un point où tu es capable de réaliser une autre tâche en même temps que tu le récites, alors mission accomplie! C’est l’objectif ultime. J’appelle ce niveau de mémorisation « le pilote automatique », ou le « mode multitâche ». En d’autres mots, à partir de là, peu importe les distractions qui dérangent ta pratique (un éternuement, un oiseau qui passe, un verre qui tombe, un passant qui crie, un poteau qui tombe 😅), tu connais ton texte parfaitement, et rien ne saurait l’emmêler dans ta bouche quand tu l’exprimes. Il sort tout seul! C’est comme conduire un chemin que tu connais par cœur alors que tu penses à plein d’autres choses. Tu ne te souviens alors pas de la route parcourue, mais tu l’as suivie sans erreur, n’est-ce pas? 😊 C’est pareil pour ton texte sur pilote automatique : il est alors enregistré à tout jamais, enfermé à clé dans un tiroir au fond de ton cerveau, là où rien ne peut l’atteindre. Quand tu te seras élevé à ce niveau de mémorisation, tu verras que réciter ton texte devient un jeu d’enfant.
C’est ce niveau de mémorisation, dans le meilleur des mondes, que nous souhaitons tous atteindre, car ainsi, nous pouvons davantage nous concentrer sur notre interprétation : voix, corps, détails. Mais comment s’y rendre, ou comment même savoir si nous l’avons atteint? Eh bien, à l’aide d’exercices. Et j’ai inventé au fil de ma carrière toutes sortes de méthodes afin de bien connaître mes textes. Je t’en partage 2 :
Écrire ce que tu vois pendant que tu récites ton poème : Si tu es dans ta chambre et qu’il y a une panoplie d’objets devant toi, tente de dire ton texte à haute voix à un rythme régulier tout en écrivant sur papier ou à l’ordinateur ce que tu aperçois dans la pièce. Tu vas voir que ça travaille les neurones, et tu vas probablement hésiter à quelques reprises, car ces objets n’auront rien à voir avec ton slam, mais comprends bien que c’est juste un exercice. On ne recherche pas la perfection ici, juste un moyen de penser à autre chose pendant que le texte est dit.
Essayer le calcul mental simultané : C’est un peu poussé, mais vraiment efficace. Choisis un logiciel éducatif de table de multiplication sur le Web (par exemple, celui-ci : https://www.tablesdemultiplication.fr/test-de-vitesse/ ). Réponds correctement aux questions de calcul pendant que tu récites ton texte. Encore une fois, ce ne sera pas facile, mais ce n’est pas grave! C’est simplement un bon moyen de t’améliorer dans la mémorisation de ton texte jusqu’à l’imprégner comme un automatisme dans ton cerveau.
Et si jamais tu trouves que les exercices que je te propose pour apprendre par cœur ton slam sont vraiment trop compliqués, fais juste répéter et répéter ton texte. Ça finira bien par rentrer au poste un jour ou l’autre! Et garde-toi une petite « sécurité » : aie ton texte pas trop loin sur toi, dans ta poche. De cette façon, ton cerveau saura que ce ne sera pas un désastre s’il y a un trou de mémoire, et il vivra moins de pression dans son travail de rétention de l’information.
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Merci infiniment ! je te suis depuis un moment et là ... tu me donne une pépite. 🤗
il y a t'il un moyen de te contacter autrement que sur un espace publique?
merci encore pour ce blog que je découvre à l'instant et qui tombe à pic
Véronique tam-tam